Précis historique de la Révolution française - Jean-Paul Rabaut by Histoire de France - Livres

Précis historique de la Révolution française - Jean-Paul Rabaut by Histoire de France - Livres

Auteur:Histoire de France - Livres [Livres, Histoire de France -]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Planche 4

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Nulle ville au monde ne peut offrir un spectacle semblable à celui de Paris agité par une grande passion, parce que dans aucune la communication n’est aussi prompte, ni les esprits aussi actifs. Paris renferme dans son sein des citoyens de toutes les provinces; et du mélange de ces caractères divers se compose le caractère national, qui se distingue par une étonnante impétuosité. Ce qu’ils veulent faire est fait. À deux heures après minuit, la députation de l’assemblée arriva à Paris; et à sept heures du matin, une haie de cent cinquante mille hommes, sur trois ou quatre de front, était formée de Passy à l’Hôtel-de-Ville. Cette multitude enrégimentée attendait le roi. En vain la famille royale chercha à l’empêcher de partir et à lui inspirer des terreurs, il fut inébranlable; car il se fiait à son peuple et à sa conscience. Il savait bien et nous savions aussi que ce n’était pas de lui qu’étaient venus tant de conseils pernicieux qui avaient pensé allumer la guerre civile. Le roi, dans un équipage peu fastueux, et simplement vêtu, entra avec cette confiance qui lui est naturelle : les députés l’accompagnaient à pied. Mais ce n’était plus le spectacle de la veille, cet abandon délicieux de cœurs qui surabondent de joie : le souvenir du passé, l’incertitude de l’avenir, le sentiment oppressif d’une calamité réelle et secrète, retenaient, par un concert unanime, les expressions d’une joie qui ne pouvait être entière : on entendait que le cri de vive la nation! c’étaient les oracles de la volonté publique, qui demandait que la nation fût heureuse et libre. Cependant le roi, qui avait été frappé du spectacle le plus imposant qui puisse être offert au chef de tant d’hommes, fut touché à l’Hôtel-de-Ville des discours éloquens qui lui furent adressés par le maire, par le président des électeurs, et par M. de Lally-Tolendal : « Mon peuple, dit-il d’un ton ému, mon peuple peut toujours compter sur mon amour ». Il prit la cocarde nationale des mains du maire, et parut à la fenêtre de l’Hôtel-de-Ville, portant ce signe de l’alliance qu’il contractait avec la nation. Ce fut alors que ce peuple confiant, et qui n’attendait qu’une preuve de l’amour du roi, se livra aux éclats de la joie la plus vive; les cris de vive le roi retentirent partout. Le canon annonça l’heureux moment tant attendu; et le roi, retournant à Versailles, ne vit plus que les témoignages d’une joie qui allait jusqu’à l’ivresse : tant les rois ont peu à faire pour s’attirer l’amour des peuples!



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